L’élevage bovin occupe une place importante parmi les activités des populations du Nord-Est du Bénin. Cette activité est très vulnérable aux mutations climatiques dans le bassin de la Sota à Malanville situé à l’extrême Nord-Est du Bénin. La présente recherche vise, d’une part, à appréhender, les perceptions des agroéleveurs et des éleveurs sur les mutations climatiques et à analyser, d’autre part, leurs stratégies pour y faire face. Les données sur les perceptions et les stratégies d’adaptation ont été collectées au moyen d’enquêtes faites par entretiens, focus groupes et questionnaires dans cinq (5) villages choisis de manière aléatoire. Le calcul du taux moyen de réponse et l’analyse en composantes principales ont été utilisés pour analyser ces données. Les résultats montrent une grande similitude des manifestations des mutations climatiques perçues par les agroéleveurs et éleveurs. Les manifestations les plus citées sont : la hausse des températures (citée par 99,16 % des agroéleveurs et 100 % des éleveurs), les poches de sécheresse prolongée (citée par 67,5 % des agroéleveurs et 91,66 % des éleveurs), les vents forts et violents (citée par 70 % des agroéleveurs et 87,08 % des éleveurs). Pour ce qui concerne les effets des mutations climatiques, les agroéleveurs et les éleveurs en perçoivent respectivement 9 et 11. Pour les premiers, les effets les plus marquants sont l’assèchement des points d’eau (80 %), l’amenuisement du disponible fourrager (71,42 %), la contamination et le comblement des points d’eau (65 %). Pour les seconds, ce sont : l’amenuisement du disponible fourrager (96,66 %), la contamination et le comblement des points d’eau (92,50 %), l’assèchement précoce des points d'eau (91,50 %), l’affaiblissement des animaux (57,50 %), l’amaigrissement des animaux (56,66 %). En réponse à cette instabilité du climat et ses effets, les agroéleveurs et les éleveurs ont développé des stratégies dont les principales (communes aux deux groupes socio-professionnels) sont : le respect des campagnes de vaccination (citée par 85 % des agroéleveurs et 97,50 % des éleveurs), l’abreuvement au fleuve ou à la rivière (citée par 37,50 % des agroéleveurs et 55 % des éleveurs), la mobilité spatiale (citée par 59,50 % des agroéleveurs et 55 % des éleveurs). Les résultats du test de Mann Whitney indiquent une différence significative de perception au seuil de 5 % pour les effets, manifestations et stratégies communs aux deux groupes socioprofessionnels.